Note avant lecture
L’histoire de Jeanne décrite ici, correspond à un futur probable au vu des prévisions scientifiques. Cela ne signifie pas que c’est exactement ce qui nous attend, d’autres futurs plus positifs sont possibles, mais ceux-là dépendront de notre capacité d’action.
Ce petit récit ne sert donc pas uniquement à dresser un énième constat négatif et à laisser des lecteurs plus désespérés par après – scénario auquel nous sommes suffisamment confrontés dans les médias -, mais comme pour tout problème, pour le résoudre correctement il faut d’abord le comprendre.
C’est cette histoire qui m’a finalement permis de faire comprendre à mon entourage pourquoi il était si urgent et nécessaire de changer. Mais la question qui se pose désormais est comment changer efficacement?
C’est pour y répondre que ce site a été créé. Pour justement se donner les meilleures chances de matérialiser des futurs plus positifs, pour comprendre comment nous pouvons tous y contribuer efficacement, une série d’articles solutions – basée sur de nombreux aspects des sciences cognitives – a donc été pensée en réponse à cette micro-fiction. Une série qui nous permettra je l’espère de ne plus avoir à jouer les pompiers de la planète au quotidien et d’enfin voir croître un mouvement positif de protection et de restauration du vivant.
A la fin de cette histoire (et de chaque article qui suit), vous trouverez le lien vers l’article suivant – tous organisés de façon à graduellement donner une perspective complète de comment changer ce qui nous entoure.
Mais pour y arriver, plongeons-nous maintenant dans ce petit monde qu’est celui de Jeanne et sa maman.
N.B.: cette micro-fiction (« Pour Jeanne ») a été relue par Heidi Sevestre (glaciologue) et Hélène Grosbois (activiste pour le vivant) – merci à elles -, qui m’ont donné leurs avis quant aux projections décrites, tant au niveau climatique que de biodiversité. Cela ne les engage évidemment en rien, mais cela vous permettra de vous plonger dans ce petit monde en sachant que le futur qui y est décrit est en effet probable.
Maintenant que vous savez tout ça,
Jeanne vous attend
La vie qui nous attend: journal d’une Parisienne
2022: Naissance de notre fille, Jeanne, sous les 37°c de ce samedi 18 juin 2022 à la maternité Lariboisière à Paris, lors de cette canicule apparemment la plus précoce de l’histoire de la France. Heureusement il y a la clim’, on est au frais avec Thom (qui a quand même failli s’évanouir durant l’accouchement), les médecins, sage-femmes et notre petite Jeanne. Tout va bien. Quel bonheur, voir la vie devant soi, notre vie. Jamais je n’aurais pu imaginer la sensation si étrange et intense que ca fait d’avoir quelque chose dans ses bras de si petit et qu’on aime tant. C’est fou.
2024: 18 juin 2024, 2 ans déjà, Paris tropique, la canicule de juin 2022 fait son retour, 39°c cette fois-ci, mais pas de clim, problème de production d’électricité dû au manque d’eau pour refroidir les centrales, et pas assez de vent pour l’éolien… Mais bon pas grave, ca arrive! Par contre impossible de quitter Paris: entre le prix du pétrole qui a sauté à 4€/litre et l’impossibilité de recharger la voiture électrique, autant la vieille Peugeot que la BMW électrique restent au garage… De toute façon, les embouteillages sont trop importants vu qu’il n’y a pas de trains, trop risqué avec un bébé par cette chaleur. Mais on commence à avoir peur pour le manque d’eau, Paris est en rouge cette année, même la Seine n’a jamais été aussi basse. On risque de ne pas pouvoir utiliser la douche de l’été, je ne sais pas comment ils vont faire avec les JO. Tout coûte trop cher. Le gouvernement nous organise des formations sur « comment s’adapter ». Super, ils auraient pu faire ça il y a 10 ans ça aurait peut-être été mieux, et encore, je ne sais même pas si j’y serais allée… Ça commence à devenir un peu handicapant tout ça. En plus de tous les scientifiques qui nous disent depuis 2 ans que tout arrive plus vite que prévu, c’est pas la joie. Il y a 2 ans c’était la grande démission, maintenant ce sont les étudiants qui arrêtent leurs études parce qu’ils n’y voient plus aucun avenir. Ils ne savent plus trop quoi penser, en même temps je les comprends: à quoi ça sert de faire une école de commerce alors que la moitié de leurs cours sert à faire de la « croissance »? Et tous les autres étudiants en biologie et consort, ils sont les premiers à voir à quel point ça va mal et qu’on n’a plus le temps, tiraillés entre sortir dehors et agir pour tout stopper ou continuer leurs études mais que ça soit trop tard pour limiter le changement climatique à +2° quand ils auront fini, et on ajoute à ça la biodiversité qui s’en va… La forêt Amazonienne est d’ailleurs officiellement condamnée et sera une savane d’ici à 2100 selon les scientifiques. Dire qu’on l’a bêtement sacrifiée juste pour un petit bout de steak. Mais bon il y a un petit peu de changement, dans les campagnes plein de gens ne tondent plus leurs pelouses et laissent la nature faire ce qu’elle fait de mieux, en espérant qu’elle revienne assez vite pour nous aider, et les agriculteurs plantent des haies et des arbres partout et diminuent les pesticides. On a seulement compris maintenant que la sixième extinction de masse était principalement due à ces pesticides et non au changement climatique, que ces produits étaient faits pour tuer le vivant, et que sans insectes, c’était nous les suivants et qu’on ne pourrait plus rien y faire s’il n’y en avait plus… Du coup on essaie enfin de retrouver cette nature qu’on a inhibée et détruite si longtemps, cette nature qui est notre meilleure alliée contre le changement climatique… Sur une note un peu plus positive, on a maintenant de plus en plus souvent une partie de l’éclairage public éteint et du coup on voit les étoiles maintenant, et quel spectacle, c’est dingue, dire qu’on a droit à ça en France et on ne le savait même pas. Donc tout le monde commence un peu à s’activer à son échelle et même certaines grosses fortunes décident de ne plus utiliser leurs jets privés, qui y aurait cru? On croise les doigts.
2030: 8 ans déjà, ça file, et tout change beaucoup. On est à nous 3, on se sert les coudes avec les voisins, tout le monde quitte Paris, trop de problèmes d’approvisionnement et de maladies. Ces dernières années, en plus des sécheresses et des inondations, vu qu’il ne gèle plus assez et qu’il n’y a plus assez de barrières naturelles à cause de la perte de biodiversité, il y a de plus en plus de virus et de bactéries dans les forêts et sur les plantations, on ne sait même plus d’où ils viennent, c’est l’enfer. Du coup les autres départements n’exportent plus à cause de la chute des rendements agricoles (et que l’Île-de-France produit à peine plus de 10% de la nourriture nécessaire pour nourrir ses habitants, super). Tout le monde a commencé à se ruer sur les petits producteurs en agroécologie et autres qui eux ont des rendements plus stables. Donc les prix explosent, et les loyers ici n’ont plus aucun sens. Tout le monde essaie de changer et de se rediriger vers l’agriculture pour s’assurer d’avoir à manger mais on commence vraiment à se rendre compte qu’on n’y comprend rien, qu’on aurait dû s’y mettre beaucoup plus tôt. Dire que Macron prévoyait en 2022 des leasings de voiture électrique à 100€/mois pour 2030… lol, ça fait 3 ans que la nôtre est dans le garage et qu’on ne la charge plus. J’essaie d’expliquer à Jeanne pourquoi il fait tout le temps si chaud, qu’on doit faire attention à pas utiliser trop d’eau et aux maladies, qu’on ne peut plus se laver avec de l’eau potable (la douche est condamnée depuis 2 ans maintenant), que manger de la viande c’est interdit car ça pollue trop, propage trop de maladies et qu’on a besoin de ces cultures pour manger. À la place des pâturages maintenant on essaie de faire revenir la nature. Les fameuses « zoonoses » sont dans toutes les bouches, et ça fait encore quelque chose en plus de « dangereux et grave » à expliquer à Jeanne. Trop de questions, trop d’incompréhension, rien n’est logique pour elle et pourtant elle sourit… Ça me réchauffe le cœur et ça m’attriste en même temps, dans quel monde va-t-elle vivre?
2032: 10 ans. Plus le choix, à l’école on lui parle de la nature et du climat. En rentrant elle m’a demandé: « maman ça a toujours été comme ça? Il a toujours fait aussi chaud? Comment c’était avant? ». J’ai failli pleurer, je dois lui expliquer qu’on vit le changement climatique et la sixième extinction de masse, que ça ne va faire que s’empirer, mais c’est si dur… Comment on explique ça à un enfant alors que moi-même ça me terrorise depuis des années, depuis que j’ai compris à quel point ça allait être l’horreur, et encore jamais je n’aurais pu imaginer un tel truc… Comment aurais-je pu savoir en 2021, avec notre appartement fraîchement acheté et retapé durant l’été, que je ne me servirais même pas de la douche tout juste construite ni même de la toilette à peine 3 ans plus tard? Comment aurais-je pu imaginer qu’on ne pourrait jamais louer cet appartement ni même le revendre 10 ans après? « Investissement immobilier » qu’ils avaient dit mes parents, mon cul oui! Dire que j’espérais encore avoir 3 enfants à ce moment-là… Déjà si on a assez de nourriture pour nous 3 on est content!
2033: Après cette année très difficile pour Jeanne sur le plan mental, elle va enfin un peu mieux, elle a pu faire son « deuil de la planète ». Apparemment ça s’améliore avec le temps — en tout cas c’est ce que disent nos amis avec des enfants un peu plus âgés: « ils passent tous par là à cet âge-là, c’est pas évident mais ils s’y font, courage…». Toujours ces regards plein d’empathie, de bienveillance, moi je n’y vois que de la tristesse… Donc à 10 ans maintenant, nouvelle étape de la vie, on est censé faire son « deuil planétaire », ça dure un an, et après on ne s’en remet jamais vraiment, super. Au moins ils font des classes spéciales pour les préparer et les accompagner à l’école. Ça aide, mais bon… c’est pas facile quand même. Elle a pleuré pendant des mois, elle ne souriait plus, elle regardait les arbres morts dans la forêt et me disait qu’ils allaient tous être comme ça bientôt… à 11 ans… Qu’est-ce qu’on est censé répondre? Parfois elle pleure, parfois elle crie, elle me dit que c’est de notre faute à Papa et à moi, qu’on est des tueurs, des menteurs, que c’est à cause de nous si la planète va mal, et à chaque fois les mêmes questions: « pourquoi vous n’avez rien fait? Qu’est-ce que vous avez fait quand vous pouviez encore tout changer?? ». C’est si dur de répondre, on ne sait pas quoi dire, pas quoi faire, pas comme si on pouvait sortir dehors pour se vider l’esprit, faire une promenade sous 40° sans eau avec des arbres morts partout pour se sentir mieux… Je me sens perdue, je ne sais pas quoi faire, et ces nuits trop chaudes impossible de dormir, ça nous pousse à bout…
2035: Si on m’avait dit en 2020 que 15 ans plus tard je rêverais qu’arrive enfin l’hiver en été et que j’aurais peur de l’été qui arrive au printemps, je n’y aurais jamais cru… et pourtant… Si seulement, si seulement j’avais compris plus tôt, si seulement on m’avait expliqué, si seulement j’avais pu crier, changer… Quel aurait été notre monde? Si seulement je pouvais retourner dans le passé et expliquer aux gens que c’est pire que tout ce qu’on aurait pu imaginer, qu’il fallait tout arrêter, que rien ni personne n’échappait plus aux maladies, au manque d’eau, à la chaleur, à la dépression chronique de nos enfants qui comprennent, petit à petit, ce dans quoi ils s’embarquent, et que ce n’est que le début. Ma petite fille, 13 ans, qui voit tout s’éteindre devant elle alors que tout est censé s’ouvrir… L’école, les amis, les feuilles des arbres et les fleurs au Printemps, les garçons, les premiers amours, les vacances au soleil,… A quoi serviront toutes ces envies et ces désirs? Pour combien de temps? En quoi continuer à se reproduire viendra au secours du futur de l’humanité? À quoi servons-nous si ce n’est nourrir un espoir qui s’éteint tout doucement? J’essaie de garder le sourire, de voir le positif, mais c’est si dur.
2036: 200 ans… 200 ans! C’est tout ce qu’il nous a fallu pour tout détruire. Toute la nature avec laquelle nous avons évolué et prospéré durant plus de 400 000 ans en tant qu’ « Homo Sapiens », en étant probablement plus heureux durant tout ce temps que durant ces 200 dernières années, passées à alimenter les machines et les portefeuilles de quelques « élus ». Nous avions tout ce dont on pouvait rêver, sous nos yeux, on n’aurait même pas pu imaginer mieux dans nos rêves les plus fous, et ce n’était visiblement pas assez. Tout disparaît si vite, il ne nous reste plus que les arbres morts qu’on n’arrive même plus à couper assez vite, qui nous rappellent chaque jour ce qu’on perd… Rien que d’avoir de l’eau et de la nourriture en suffisance tous les jours, tout le monde tuerait pour ça. Je n’arrive toujours pas à y croire, nous étions dans la plus grande bataille de l’histoire de l’humanité et nous l’avons bêtement perdue, par souci de “conformité” à des normes obsolètes. La bataille la plus importante, et qui pourtant ne demandait rien d’autre de nous que de vivre plus heureux et mieux, de moins consommer à tout va, et pour ceux qui le pouvaient de quitter ces métiers qui n’avaient plus aucun sens, pour mieux s’occuper des êtres qui nous entourent, profiter de la nature, la comprendre, et réfléchir à comment nourrir toutes ces bouches sans tout détruire… Il n’aurait même pas fallu verser une seule goutte de sang pour arrêter la destruction du vivant et le dérèglement du climat, pas un mort!!! Juste réapprendre à vivre, vraiment vivre, avec la nature, et pas contre elle. Au lieu d’allumer des milliers de lampadaires pour ces voitures mortifères on aurait pu profiter des étoiles la nuit. Au lieu de s’abrutir devant des séries netflix toute la nuit, on aurait pu profiter des premiers rayons du soleil du matin et de la rosée qui l’accompagne. Et pour toutes les personnes qui comme moi passaient leurs journées à travailler derrière des écrans pour ensuite « s’offrir des vacances loin », on aurait pu être dehors au quotidien, profiter de nos paysages, de nos forêts, de la lumière qui joue dans les feuilles des arbres, de toutes ces couleurs, ces fleurs par milliers amenées par le vent et les oiseaux, nourrissant abeilles et papillons… On aurait pu profiter d’une vie et d’un équilibre qui nous nourrit, juste assez que pour pouvoir perpétuer ce cycle à l’infini. Qu’est-ce que j’aurais aimé que Jeanne puisse connaître tout ça… Qu’elle puisse voir ces couleurs, goûter toutes ces saveurs, sortir dehors tout l’été dès les premières lueurs au lieu de rester enfermée durant ces mois désormais torrides (et maintenant aussi durant une partie du printemps, à 14 ans…). Durant toutes ces décennies on nous a vendu le « futur » et le « progrès » avec un feu de paille, et aujourd’hui il ne nous en reste que des cendres… Au moins Jeanne n’a pas vécu tout ça, et elle va bien, mieux que moi, même. Elle participe à plein d’initiatives avec ses amis et son école pour aider les agriculteurs dans les quelques fermes urbaines qui ont pu être créées ces dernières années. Ils y vont à vélo quand il ne fait pas trop chaud, et j’ai l’impression qu’elle a même pu rencontrer un garçon sympa qui vient la chercher de temps en temps… Ça nous donne le sourire à Thom et moi, de voir au moins un peu de bonheur dans sa vie. L’année passée, elle a décidé de se battre, même si elle sait ce qui l’attend. Elle nous a dit « Si Camille Etienne a pu faire tout ce qu’elle a fait toute seule, moi aussi je peux le faire! ». On a eu beau se poser tellement de questions avec Thom ces dernières années, à se demander si on n’avait pas gâché la vie de Jeanne même avant qu’elle ne commence vraiment. Mais rien que d’entendre ces paroles et voir son entrain on sait que c’est ça qui nous fait vivre, et que pour rien au monde elle n’aurait voulu être ailleurs qu’ici et maintenant, et jamais nous n’aurions pu lui enlever ça. On est tellement fier d’elle.
2040: 18 juin, 18 ans, les étoiles s’alignent pour notre petite Jeanne maintenant grande! Enfin, grande, apparemment avec le climat plus chaud, les jeunes grandissent un peu moins que notre génération, du coup on l’embête un peu avec ça, en lui disant qu’elle restera notre « petite Jeanne adorée ». Elle ne trouve évidemment pas ça très drôle mais bon, on fait ce qu’on peut en terme d’humour! Pour son anniversaire elle nous a dit que tout ce qu’elle voulait c’est qu’il pleuve assez pour les récoltes. Qu’est-ce que j’aurais aimé lui offrir ça… Un bel été pluvieux et pas trop chaud, où on n’est pas obligé de rester cloîtré chez soi 10 jours par mois, et où on n’a pas à prier pour que la pluie tombe… Dire que je haïssais la pluie quand j’étais jeune parce que je ne pouvais pas bronzer! Ça parait si loin… Moi mon souhait pour Jeanne ça aurait été de lui offrir une vie normale, pas une vie « normale » de surconsommation comme je l’ai connue, mais une vie simple et heureuse dans un monde qui offre un avenir, avec assez à manger et à boire, avec des arbres vivants, beaux et grands, une nature verdoyante et pas cramoisie comme maintenant avec les forêts innombrables en France déjà asséchées et leurs arbres dépéris. J’aurais voulu lui donner la chance d’aller se balader dans cette nature et pouvoir en profiter pleinement sans avoir à se demander si on aura assez à boire et à manger pour tenir jusqu’à la prochaine pluie et si les arbres qu’elle croise résisteront aux prochaines canicules. Si seulement je pouvais revenir en arrière, juste envoyer ce message, pour convaincre les gens de changer, me convaincre de changer, d’avoir une chance d’offrir un futur à ma petite Jeanne, peut-être pas tout rose, mais au moins pas tout noir, à elle, et à toutes les autres petites Jeanne…
Nous sommes heureusement encore en 2023, et nous pouvons encore tout changer. Nous n’avons cependant qu’une seule chance et il faut en profiter. Pour cela, il faudra être extrêmement efficace dans cette transition.
C’est précisément l’objectif de la série d’articles qui suit – qui est la partie la plus importante de ce site -, aider à voir d’un oeil nouveau et positif nos actions et les stratégies qui s’offrent à chacun de nous, pour comprendre comment faire changer tant nos proches que les entreprises et dirigeants.
Face à ces menaces existentielles pour l’homme, notre intuition peut en effet nous dicter certaines solutions possibles (comme « c’est au politique d’agir », ou d’interdire ou d’imposer des comportements).
Cependant, notre intuition n’est utile que dans des situations dans lesquelles nous avons de l’expérience. Or, dans ce scénario, nous n’en avons aucune – nous n’avons jamais vécu un effondrement entier de la civilisation et nous n’avons jamais eu à effectuer de transition systémique si rapide et efficace, à la hauteur des enjeux actuels.
Cette intuition peut donc avoir des effets néfastes comme ralentir la transition et laisser des personnes derrière victimes de l’inertie du système. Nous avons une capacité infinie à ignorer notre ignorance et nous devons en avoir conscience.
Nous sommes ici pour récompenser les changements vertueux de demain et non blâmer les erreurs d’hier. Dans un monde extrêmement complexe, établir des liens de causalité simplistes (et faux) ne nous aidera pas.
« Mais en quoi puis-je aider aujourd’hui? Je finis de lire cette histoire mais j’ai l’impression que je ne peux pas y faire grand chose… »
Prenons l’exemple du COVID. Chaque personne contaminée, en contaminant 2 personnes, a créé des clusters de milliers de personnes par le biais de son entourage, à une vitesse exponentielle. Simplement parce qu’on ne voit pas ces clusters se créer devant nos yeux, ne signifie pas qu’ils n’existent pas.
Pourquoi ce parallèle? Les normes et les comportements associés peuvent se propager de façon similaire dans la société, à une vitesse exponentielle. Nos actions peuvent donc aller bien plus loin que ce qu’on ne le pense, juste au départ de quelques personnes. Notre sensibilité aux tendances, fait que lorsque nous adoptons des comportements minoritaires, cela mène à des points de bascule sociaux.
Bien que l’effet de diffusion de responsabilité puisse nous faire penser l’inverse, chacun de nous est un maillon nécessaire à la création de ces tendances vertueuses et ainsi d’une mise en action collective de milliers voire de millions de gens.
En changeant, notre influence se perpétue indirectement bien au-delà de nos proches, tant jusqu’aux sphères politiques et des dirigeants (qui paraissaient inatteignables), que jusqu’aux sphères sociales et culturelles initialement opposées aux nôtres. Tous les gestes comptent, et permettront ainsi de ne laisser rien ni personne à l’écart.
Mais comment changer pour optimiser la création de ces tendances? C’est ce que nous verrons dans les articles suivants.
Pour les raisons énumérées dans cette série, je reste optimiste quant à ce que nous pouvons influencer, car cela consiste potentiellement en bien plus que ce que nous ne pensons possible.
Le futur de Jeanne et le nôtre n’est pas immuable. Je rêve de pouvoir réécrire cette histoire dans un an, et chaque année qui suivra, avec tout ce que nous aurons pu apporter en plus de positif.
Ne soyons plus les spectateurs de notre défaite, mais les acteurs de notre succès.
Nous pouvons encore changer, à nous de jouer.
La suite: Que se passe-t-il si je change?
Bravo Nico, respect.
Nous venons de lire l’histoire de Jeanne. Je sais que c’est vrai….
J’aime beaucoup l’idée d’aller d’article en article pour nous donner des pistes.
Hâte de les lire et de me sentir inspirée et portée dans ce combat où on se sent parfois bien seul…
Peut-on déjà partager le site?
Merci à toi pour tout ça!
Hello Nathalie, merci beaucoup pour ton retour ça me fait fort plaisir!! 🙂
Hâte d’avoir ton retour sur la suite dans ce cas!
Tu peux bien évidemment le partager, c’est fait pour ça!
Bonne journée à toi et Quentin,
Nico
Bonjour, je viens de lire l’histoire de Jeanne. C’est poignant. Il y a urgence! Hier soir, j’ai suivi une conférence de David Van Reybrouck : La colonisation du futur. , basée sur sa dernière publication qui vient d’être traduite en français. Il propose 4 pistes pour éviter que l’histoire de Jeanne devienne réalité. Vivement conseillé. Bravo pour votre initiative.
Hello Nicolas !
Quel scénario catastrophe ! C’est effrayant et donc interpellant !
Je partage…
Merci NIcolas, merci pour tout ce travail d’investigation, pour tout ce travail pour lequel j’aurai envie d’honorer ta sensibilité qui capte l’urgence. Cela demande courage et sagesse. Merci pour ton éco-lucidité. Je ne suis qu’au début de la lecture, je vais creuser à travers les racines du récit pour déceler ces articles qui t’ont inspirés. Que ce projet soit fertile. Je serai heureuse de pouvoir le diffuser. Merci Nathalie de me l’avoir transmis.